Au restaurant

Kayashi’s Bar, ouvert de 11h00 à 00h00. Voilà ce qu’on peut lire sur l’un des plus grand restaurant situé en plein centre d’Ookami. Reiji Kayashi en était le patron.
Grâce à des fonds que lui donna le roi, et avec les encouragements de sa femme, il pu réaliser l’ouverture de son restaurant. Cette idée lui germa dans la tête il y a maintenant plusieurs années de cela, quelques mois après son mariage pour être plus précis. Il aurait souhaité que sa femme reste avec lui dans son travail, mais elle décida plutôt de rejoindre l’armée, et de continuer à protéger Kayuya. Reiji ne s’y opposa pas du tout.

Reiji et Shina Kayashi avaient donc une vie bien plus paisible à présent. Et même si plus rien de vraiment excitant ne pouvait leur arriver, et que les jours pouvaient se ressembler, Reiji continuait à vivre sur un petit nuage. Il y a longtemps, Shina ne voulait absolument pas se marier, elle trouvait cela totalement inutile. Malgré tout, elle accepta avec joie de se fiancer avec Reiji. Et peu de temps après la grande guerre contre les Zyphaloïdes, elle décida finalement de l’épouser. Reiji décida néanmoins de porter le nom de sa femme, cela ne le dérangeait pas du tout.
Chaque jours c’était le même rituel. Shina se levait tôt le matin, laissant son homme dormir, mais lui déposant un petit baiser avant de partir. Reiji pouvait donc se lever un peu plus tard, pour ouvrir son restaurant en fin de matinée. Parfois, il allait rendre visite à sa chère et tendre pendant sa pause de déjeuner. Puis, c’était au tour de Shina de retrouver son homme à son travail, en fin d’après-midi quand elle avait finie sa journée. Au début, elle insista pour venir travailler le soir, mais Reiji refusa catégoriquement. Elle avait son travail, cela était suffisant. Il ne voulait pas l’épuiser d’avantage. Néanmoins, elle venait travailler le samedi au restaurant, vu qu’elle n’était pas de service au château.
Mais il faut dire aussi que Reiji commençait à regretter de la laisser travailler le samedi, puisque Shina, dans sa tenue de serveuse, avait réussie à attirer tous les jeunes hommes de la ville. Ca faisait marcher la boutique c’est sur, mais Reiji a toujours l’œil sur sa précieuse femme (malgré qu’elle pourrait envoyer tous les hommes à l’hôpital en 5 secondes…).
Il est vrai que depuis la fin de la guerre, les Setras vieillissent comme des êtres humains normaux, et 10 années s’étaient écoulées depuis. Cela n’empêche pas que Shina reste toujours plus belle que jamais.

C’était presque la fin de la journée pour Shina. Chez Reiji, il n’y avait pas trop de monde. Quelques personnes au bar, sans plus. Il aurait fallu attendre plus tard dans la soirée pour voir les gens arriver. L’ambiance était donc plutôt cool.
Reiji en profita pour faire une pause, alors qu’il avait couru à droite à gauche vers midi. Il n’eut pas la possibilité de rendre visite à sa femme à l’heure du déjeuner. Il se posa à son bar et en profita pour prendre un verre.

-Pffouu… qu’est ce que ça va être encore ce soir…
-Allons allons, si tu veux tu peux rentrer chez toi, nous sommes assez nombreux aujourd’hui. Dit un de ses collègues.
-Non non, je te remercie, ça ira.

Une demi-heure plus tard, Shina arriva au restaurant, comme tous les jours. Elle regarda à droite à gauche, avant qu’un employé du restaurant l’aperçoive.

-Tiens, salut Shina.
-Ah ! Salut, tu sais où se trouve Reiji ?
-Il est là bas au bar, entrain de se reposer.
-Merci.

Elle pressa un peu le pas, Reiji n’avait pas du faire attention à l’heure, sinon il l’aurait déjà accueilli.

-Hello, Rei-kun.
-Hum... ? Il se retourna avant d’afficher un sourire. Bonjour toi.

Il s’avança vers elle, la fixa dans les yeux, comme si cela faisait des mois qu’il ne l’avait pas vu, et il lui déposa un baiser.

Spoiler:

"Tu as l'air crevé, mon pauvre Rei-kun."
On aurait dit une mère qui se plaignait de l'état de son fils.
_"Pff...Oui, mais bon..."

Bien sûr, on arrivait en fin de semaine et les horaires du restaurant n'étaient pas des plus reposants. Il était toujours au fourneaux et profitait de rares pauses, rien d'étonnant à ce qu'il soit exténué.

_"Tu devrais rentrer au repère pour ce soir."répondit Shina, inquiète, en lui tenant les mains.
Un des collègues de Reiji vint s'interposer alors que celui-ci allait refuser, comme à son habitude.
_"Ecoute la, Reiji, elle a raison. On va pas te laisser te déglinguer pour quelques repas."
_"J'ai l'impression que vous me laissez vachement le choix..."répondit le Setras, agacé.
_"Très bien. Si tu te sens en forme, reste donc. Mais si tu restes, je reste moi aussi!"
-"Non. On en a déjà parlé. Toi, tu rentres à la maison le soir, tu as fait ta journée de travail."
-"En tout cas, je suis moins fatiguée que toi." rétorqua puérilement Shina.
-"Sigh... j'ai pas le temps de parler de ça avec toi, j'ai du travail qui m'attend."

Ah, cette bonne vieille fatigue demeurait le seul élément capable de mettre un couple comme Reiji et Shina d'accord. Malgré ce détail fort interessant, Shina n'aimait pas quand son mari se bornait à vouloir terminer sa journée au lieu de se reposer. Elle était inquiète pour sa santé et trouvait que cet emploi ne lui allait guère. Bien qu'heureux de se trouver parmi les humains sans devoir combattre, Reiji devenait, dans ces moments-là, assez tendu et pouvait s'énerver très vite, ce qui avait pour conséquence de renforcer sa fatigue.
La Setras suivit des yeux son homme qui disparut en cuisine. Elle espérait qu'il garderait son calme pendant la soirée, lorsque les clients seront nombreux et la salle remplie. Pour le moment, celle-ci semblait un peu vide; quelques clients, très peu, buvaient un verre pour quitter le restaurant peu après.

Shina s'installa au bar. Assise en tailleur sur son support, elle attendit son grand verre de jus d'orange et en profita pour discuter avec un des collègues de Reiji. Elle songeait déjà à se changer en parfaite serveuse.

Personne ne le remarqua, personne ne savait qu'il était entré. Lui-même ne voulait pas être ici, mais Aeon était à cour de vivre et il n'avait plus la force de marcher, la faim l'affaiblit. Sans regarder le nom du restaurant (si il avait prit le temps, il n'y serait jamais entré), il passa derrière Shina et s'installa à la dernière place du bar, sans le moindre bruit. Il ne voulait pas être remarqué, Ookami était l'une des villes dans laquelle il était recherché comme criminel, son dernier séjour dans la ville quelque peu mouvementé.

Flashback

C'était une nuit pluvieuse, la pluie frappait doucement sur les vitres des différentes maisons de ce petit quartier d'Ookami. Une jeune Zyphaloïde, tout juste entré dans la vingtaine, se précipitait de rue en rue, hâte de se retrouver à l'abri du mauvais temps chez elle après avoir fait quelques courses de dernière minute.

Pour gagner quelques minutes, elle entra dans une ruelle. Bien mauvaise idée. Cette ruelle était souvent le lieu de rendez-vous des habitants "louches" de la ville. Grande fût sa malchance lorsqu'elle s'aperçut que plusieurs hommes, 3 pour être exacte et âgé entre 20 et 35 ans, se trouvaient effectivement sur son chemin. Elle s'arrêta net devant eux, alors qu'ils venaient tout juste de la remarquer:

« Tiens tiens, on dirait qu'on a une petite perdue. Se moqua le plus jeune.
- On a de la jolie compagnie, Jeremiah. Dit le deuxième, au dents croches et un trou béant entre les deux incisives centrales du haut. »

Le dénommé Jeremiah, le plus vieux, s'approcha. C'était un véritable géant, à la musculature impressionnante et aux multiples cicatrices:

« Ça fait un moment que je n'ai pas eux la chance de profiter d'une si jolie fille. Qu'est-ce que vous en dites, les gars? »

Tout les trois ricanèrent bêtement:

« S'il... s'il vous plaît, trembla la jeune Zyphaloïde. Prenez ce que vous voulez, mais laissez-moi partir.
- Tu entends ça, Jeremiah? Demanda le plus jeune. Elle veut qu'on la laisse partir.
- Je me demande si c'est une Zyphaloïde. Dit le second. Alors? Tu es une Zyphaloïde, ma mignonne? »

La jeune fille fît l'erreur de ne pas répondre et de plutôt reculer de quelques pas:

« On dirait bien que oui. Dit le jeune, soudainement dégoûter.
- Dommage, dit Jeremiah. Mais tout n'est pas perdue, on peut toujours débarrasser Gaïa de cette vermine. »

Avant que la jeune Zyphaloïde ne puisse faire le moindre mouvement, les deux autres hommes l'agrippèrent chacun par un bras pendant que Jeremiah s'approcha en levant le poing:

« Vous aviez l'intention de détruire la race humaine et de prendre le contrôle de Gaïa, c'est tout ce que vous méritez!
- Seul un idiot résonne dans l'absolue... Souffla une voix. »

Alors que le poing de Jeremiah allait s'abattre sur la Zyphaloïde, le coup s'arrêta soudainement dans le vide. Une silhouette blanche se tenait la seconde suivant entre la jeune fille et Jeremiah qui ne comprenait pas ce qui venait de ce passé. La silhouette avait bloqué le coup d'une seule main et visiblement sans effort:

« C'est pas vrai... S'étonna le plus jeune.
- Tu as du culot de m'arrêter de cette façon. Rétorqua Jeremiah à la silhouette. »

Aeon leva la tête:

« Et vous avez du culot de passer jugement sur une personne appartenant à une autre race.
- Je vais t'apprendre les bonnes manières. S'exclama Jeremiah.
- Jeremiah, attends. C'est lui! Interrompit le second.
- Lui? Qui ça, lui?
- Aeon, Aeon Azukari. Lui aussi c'est un Zyphaloïde! Il a une réputation de justicier dans plusieurs villes, je crois que tu devrais faire attention.
- Heh, c'est pas un gars d'étiquettes qui va me faire peur, je fais deux fois sa taille. »

Jeremiah leva son poing à nouveau et cette fois y donna toute sa force pour frapper Aeon. Aeon esquiva d'une simple pas sur le côté. Il dégaina Eien, planta l'épée dans la main de Jeremiah et planta ensuite l'épée au sol. Jeremiah lâcha un cri de douleur:

« Que... j'ai rien vue. Dit le jeune, confus.
- Moi non plus... »

Aeon reprit Eien, se retourna vers les deux autres hommes et d'un coup d'épée lacéra leurs poignets, les forçant à lâcher la jeune Zyphaloïde. Aeon l'a prit dans ses bras et quitta la scène alors que les 3 hommes s'occupaient de leur blessures.

Aeon s'arrêta plusieurs rues plus loin, à la sortie d'une ruelle vers une autre rue plus mouvementé où ces hommes ne viendrait pas attaquer:

« M... merci. Dit la jeune Zyphaloïde.
- Ce n'est rien. Je vais ce que j'ai à faire, c'est t...
- Hé! Toi! Azukari! S'exclama une voix. »

Un garde venait d'apercevoir Aeon et se lança à sa poursuite, prévenant d'autres gardes au passage.

Fin du Flashback

Après cette soirée, Aeon voulait se faire discret jusqu'à ce qu'il puisse quitter Ookami.

Reiji n’avait pas envie de se prendre la tête avec sa femme, de plus il était assez fatigué comme ça. Il la laissa donc pour repartir en cuisine, malgré les conseils de cette dernière, et de son collègue. Il était entrain de nettoyer et d’organiser la cuisine pour ce soir, seul dans le calme. Jusqu’à qu’un cri se fit entendre, ainsi que des fracas de verre.

-Oh non, quoi encore…grrr…

Il se précipita hors de la cuisine pour gueuler un bon coup, mais il aperçu Ria, la jeune excitée qui était tout le temps collée à Shina. Elle était assez maladroite quand elle le voulait. Il se faufila derrière elle, alors que cette dernière n’avait pas remarqué sa présence. Du moins, le temps de quelques secondes avant qu’elle sente que Reiji était juste derrière elle. Ria essaya de s’excuser, mais en vain, Reiji était déjà entrain de lui tirer les oreilles.

-Pitié Reiji, je l’ai pas fait exprès. Pardon pardon !!!
-Non mais t’as vu tout ce que tu as cassé en quelques secondes !??

Shina, ainsi que des employés du restaurant se mirent à rire de la scène, jusqu’à que Reiji leur lance également un regard noir.

-BIEN ! Vu que cela amuse tout le monde, vous allez me nettoyer ça au plus vite ! Dit-il, très énervé.

Les employés se mirent au travail ainsi que la pauvre Ria. Quand à Reiji, il retourna en cuisine sans dire un mot de plus, suivi de près par Shina.

-Rei-kun, ne lui en veux pas trop. Et puis tu ferais mieux de rentrer pour te reposer, ça te détendra après tout ça.
-T’as gagné…je jette l’éponge. Je finis de nettoyer la cuisine et je rentre.
-C’est bien, tu redeviens enfin raisonnable.

Shina s’avança vers lui pour lui déposer un baiser sur la joue, et retourna au bar pour aider les autres à tout nettoyer.
Une vingtaine de minutes plus tard, Reiji sorti de la cuisine, son manteau à la main, prêt à s’en aller avec sa femme.

-Bon alors, vous avez fini ?
-Euh…quasiment Reiji…
-Sigh…je me demande si je fais bien de partir moi…

Il contempla la salle qui était vide. L’accident de tout à l’heure avait fait fuir tous les clients. Reiji soupira une fois de plus. Il aperçu quand même un client, toujours assis au bar entrain de boire, sans un bruit. Il remarqua que du vin avait giclé sur la cape de l’homme. Reiji s’empressa de nettoyer ça.

-Je suis désolé monsieur, je vais vous nettoyer ça.

L’homme n’avait pas du remarquer que du vin avait tâché sa cape. Il se retourna très légèrement pour regarder.

-Non, ce n’est rien, merci.
-Mais…cette chevelure…ce visage… ?

L’homme qui ne savait quoi dire, se leva et posa une pièce sur la table.

-Merci pour la boisson, au revoir.
-Attendez vous !

Mais Reiji lui attrapa le bras, ne voulant pas le laisser partir. Shina se demandait ce qu’il pouvait bien se passer, et les autres qui étaient entrain de nettoyer avaient les yeux rivés sur leur patron. L'homme n'essayait pas de se débattre, de plus il avait reconnu Shina qui était devant lui.

-Rei-kun ? Que fais-tu donc ? lâche cet homme.

Reiji avait déjà prit son arme à la main, qu’il dissimulait toujours à l’intérieur de son manteau.

-Non, je sais qui tu es. C’est toi Aeon !!
-…
-Aeon… !?


Et une assiette de frites dans la gueule d'Aeon, une !

Il aurait mieux fait de regarder le nom du restaurant, après tout. Et de toute les personnes qui devait le reconnaître, il fallait que ce soit Reiji, probablement la personne qui le détestait le plus. Aeon ignorait qu'il avait un restaurant, ni même que l'homme au mauvais caractère avait une prédisposition pour la cuisine:

« Il y a longtemps... Reiji. Dit calmement Aeon.
- Qu'est-ce que tu fais ici, Aeon? Demanda Reiji.
- Je ne savais pas que ce restaurant t'appartenait, si j'avais sue, je n'y serait pas entré. »

Aeon remarqua l'arme du Setras:

« Au dernières nouvelles, Reiji, nous ne sommes pas ennemies. Plus maintenant. Je vous ait bien aider à détruire Arcios.
- Cela ne veut pas dire que je dois apprécier ta présence. Quand tout a commencer, tu nous a trahis, moi et Shina.
- Rancunier, je vois. »

Ignorant l'arme de Reiji, Aeon se tourna face à lui:

« Nous battre ne servirait à rien.
- Elles sont vrais ces rumeurs à ton sujet?
- Peut-être.
- Tu es recherché.
- Pour les mauvaises raisons.
- Tu as tué?
- Pas depuis la défaite d'Arcios. Et ce n'est pas la raison pourquoi on me cherche. Certains n'apprécie pas qu'un citoyen comme moi décide de prendre la loi en main et de punir ceux qui pense pouvoir décider si une race à le droit d'exister dans ce monde.
- Alors la situation des Zyphaloïdes n'est pas si bonne?
- Moins que la plupart des gens ose le penser. Il y aura toujours ceux qui ne sont pas d'accord. »

Aeon lança un regard vers Shina:

« Bien sûr, vous les Setras, vous êtes vénéré comme des Dieux.
- La peur des gens face à vous est justifier. Répliqua Reiji.
- Mais incomprise. Arcios contrôlait les Zyphaloïdes. Le seul responsable c'est lui et il n'est plus de ce monde.»

Après un long silence, Aeon ajouta:

« Tu vas me laisser partir ou non? Je ne veux pas rester plus longtemps dans cette ville. »

Spoiler:

Comme à ses cheveux, Shina n'aimait pas qu'on touche à son jus d'orange. Alors que le barman l'avait en main, Ria, de son arrivée fracassante habituelle, avait fait valser la majorité des boissons du bar qui éclatèrent au sol. Alors, Shina avait vu rouge. Ce jus d'orange tombé à l'eau aurait pu soulager sa fatigue. Elle fut contrainte de contenir sa rage, chose qu'elle parvenait à exécuter sans problème depuis un petit bout de temps.

La petite furie semblait énervée, Shina l'était aussi, mais elle feignait de ne pas l'être. Toutes deux discutèrent de la mission du lendemain dont Shina s'était déjà occupée des plans et de l'organisation, ce qui mit Ria assez mal à l'aise...
Puis, une menace...
Qui n'était autre qu'un Reiji enragé.

Ria se fit immédiatement gronder pour les boissons qu'elle avait gâchées. Il était vrai que dans le lot se trouvaient des alcools plutôt chers.C'était du pur gâchi que de les voir se mélanger sur le sol.Pour détendre l'atmosphère, les collègues de Reiji et Shina, sur la même longueur d'ondes, émirent un rire peu franc. Ceci n'échappa pas aux oreilles de Reiji, la colère de celui-ci ne fit qu'empirer. Il explosa:
"BIEN ! Vu que cela amuse tout le monde, vous allez me nettoyer ça au plus vite !"

Après une gimace, les collègues et la maladroite Ria s'attelèrent à la tâche. Après tout, ils étaient payés par l'intermédiaire de Reiji et la pauvre petite put trouver là une manière de se racheter. Ni une, ni deux, Shina décida de ne pas se baisser pour ramasser les bouts de verres et de suivre Reiji pour tenter de le calmer un peu...Et, il faut l'avouer, pour le persuader de rentrer. Evidement, ce fut un succés. Cependant...
Il y avait Aeon.

Au début, Shina avait cru que son mari se disputait avec un client. Rien d'étonnant, au vue de son état...Seulement, ce client n'était autre que l'ancien premier général des Zyphaloïdes qui avait combattu Arcios et s'était fait une place parmi les criminels recherchés. On disait aussi de lui qu'il était devenu une sorte de justicier.

_"Aeon… !?"

La Setra ne l'avait même pas reconnu. En fait, il avait beaucoup changé. Il n'avait plus les marques des épisodes qu'il avait, soi-disant, passés en chambre froide parce que ces parents avaient des moyens plutôt drastiques et il semblait beaucoup plus heureux. Il n'était plus ce drôle de bonhomme ,ou gentleman, toujours muni de son monocle et obsédé par l'heure que lui indiquait sa montre.

"Aeon ? Vraiment ?" murmurait la jeune femme, toujours sceptique tandis que le Corbeau et le Renard discutaient sérieusement.

Soudain, alors que le Zyphaloïde lui jeta un coup d'oeil, une phrase quelque peu déplacée parvint jusqu'aux oreilles de la gardienne:

" Bien sûr, vous les Setras, vous êtes vénéré comme des Dieux."

Oui, c'était la vérité, et elle demeurait malheureuse pour les Zyphaloïdes. Mais bon, on ne pouvait rien y faire dans l'immédiat. Cette rancune cicatrisera avec le temps. Une décenie ne suffirait jamais à effacer quelques millénaires de malveillance, après tout.

« Tu vas me laisser partir ou non? Je ne veux pas rester plus longtemps dans cette ville. »

A ce moment là, Shina s'approcha doucement d'Aeon et lui adressa un grand sourire. Après tout, il n'avait rien à craindre d'eux deux. Ils ne devaient plus se combattre désormais, et il était le premier à le reconnaîte. C'est avec un doux et pacifique sourire que Shina rétorqua:

_"Tu ne vas tout de même pas partir sans avoir gouté aux délicieux plats de Reiji...Si tu es venu dans cet établissement, c'est que tu étais en quête de vivres, je me trompe ?"

Aeon ne répondit pas, Reiji l'avait lâché et était parti en cuisine en soupirant. Le Zyphaloïde du Renard à Neuf Queues s'installait devant une table quand Shina, après un "il y a lontemps que je voulais te dire quelque chose" le gratifia d'un coup de poing plein d'une rage profonde.
La Setras alla ensuite, d'une démarche joyeuse, enfiler sa tenue de serveuse. Les premiers clients n'allaient pas tarder.

Alors qu'elle passa devant Ria, celle-ci lui souffla:
"C'est qui cet homme aux cheveux blancs avec lequel Reiji discutait ?"
_"Un ancien général Zyphaloïde." murmura-t-elle à sa protégée.

Alors qu’Aeon avait fini sa scène et qu’il allait s’en aller, Reiji se dirigea vers la cuisine. Il en ressortit avec un sac à la main, avant d’accélérer le pas pour rattraper Aeon dans la rue.

-Qu’est ce que tu me veux encore Reiji ? Tu veux te battre ou me retenir d’avantage ?
-Non, je vais t’accompagner jusqu’aux portes de la ville.

Aeon ne comprenait pas trop pourquoi Reiji faisait cela. Peut être pour le voir dégager d’Ookami pour de bon, s’en assurer de lui même.
Mais le trajet jusqu’aux portes, se fit dans le plus grand silence. Les deux hommes ne s’adressèrent même pas la parole.
Puis, une fois les portes franchies, Reiji continua sa route un peu plus loin aux côtés d’Aeon. Ce dernier s’arrêta et se tourna vers le Setras.

-Bon, tu vois j’ai quitté la ville, tu n’as plus de raison de me suivre.
-Tiens prend ça. Reiji lui donna le sac. Vu que tu n’as rien mangé malgré ce que je t’avais préparé, ça m’embêterait qu’un client meurt de faim alors qu’il est passé à mon restaurant.
-Ca va, je me débrouillerais, je n’ai pas besoin de ta pitié.
-Ecoute, nous sommes sûrement loin d’être de grands amis, c’est sûr. Néanmoins, même si j’ai toujours des doutes sur toi, je sais bien qu’avant que la guerre se termine, tu avais déjà changé.
-Bon, si tu y tiens, merci…
-Sur ce…

Reiji commença à repartir vers la ville, avant de se retourner une dernière fois vers Aeon.

-Si tu as besoin d’aide, tu sais où nous trouver, moi et Shina.
-… ?

Sans en dire plus, chacun reprit sa route. Les deux hommes devaient probablement se poser des questions l’un sur l’autre. Mais bon, Reiji ne voulait plus trop y penser pour le moment. Lorsqu’il arriva à son restaurant, les employés avaient fini de ranger, et Shina était entrain de discuter avec Ria dans un coin. Sans se préoccuper des autres, il retourna dans sa cuisine.

Lorsque Aeon avait dégainé son arme devant la pauvre Ria, Shina avait cru rêver. Et le blâme que celui-ci avait fait de la GEG n’avait pas arrangé les choses. Bien que la Setras ne put détacher ses yeux de la scène, elle parvint tout de même à contrôler sa colère et à la dissimuler sous un charmant sourire quand Aeon lui adressa la parole.
Puis, sans demander son reste, le Zyphaloïde s’en alla. Reiji sortit en trombe du restaurant pour le rattraper, un gros sac à la main, tandis que Ria s’était trainée vers le coin sombre du bar.
Bien sûr, Shina n’avait pas l’intention de laisser Ria ruminer des idées noires. Elle s’installa calmement à son côté et commanda un nouveau verre de jus d’orange.

« Tu n’as pas à t’en vouloir. Après tout, tu n’as pas vécu la guerre. Comme beaucoup de monde, tu n’as fait que croire ce qu’on t’a dit… »
Comme Ria gardait le silence, elle poursuivit:
« …Et puis, je trouve qu’il s’y est pris un peu fort avec toi. S’il veut vraiment préserver la paix, il n’avait pas à sortir cette drôle de pâte qui lui sert d’arme, cet idiot… »
_ « Shina, tu penses que les humains seront à l’origine de la destruction de Gaïa, toi aussi ? »
Cette question mit mal à l’aise la jeune femme. Bien sûr, elle croyait toujours que les humains allaient mener Gaïa à sa perte, mais les Setras et les Zyphaloïdes y avaient aussi leurs rôles à jouer. Vraiment, elle ne savait plus. Et puis, quelle importance? Tout avait sa fin dans ce bas-monde.
Elle but une gorgée de son jus de fruit avant de répondre:
_ « Je pense tout simplement qu’il y a des destructeurs partout. Mais ce n’est pas le plus important pour le moment… Si nous oublions un instant les querelles qui ont déchiré Setras et Zyphaloïdes et les quelques légendes que l’on sert encore au peuple, ces deux races sont-elles si différentes ? »
_ « Non, Pas vraiment. »
Shina lança alors un clin d’œil à son amie, visiblement satisfaite.
_ « Tu es sur la bonne voie. Je suis fière de toi. Je te souhaite de rencontrer un aimable Zyphaloïde qui saura te montrer que rien n’est profondément mauvais ni profondément bon. Réfléchis bien à ça. »
_ « D’accord. Merci. »
_ « Mais bon, n’y pense pas trop jusqu’à demain, Ria. Reste concentrée sur notre mission, et repose toi, c’est important. »
Ria sourit enfin et tourna son regard vers son mentor.
_ « Tu devrais t‘écouter, Shina. »
_ « Hein ? Comment ça ? » s’exclama la Gardienne, décontenancée.
_ « Tu as l’air vraiment fatiguée. C’est important de se reposer, tu sais. »répondit la petite en émettant un petit rire.
_ « C’est que ça fait longtemps que je n’ai pas eu pareille journée. Mais tu as raison. A demain, Ria. Sois en forme et pas de retard, cette fois. »
_ « Oui, Shina. A demain. »

Alors la Setras se leva, souriante et partit en direction de la cuisine où elle trouva Reiji. Comme il était occupé et qu'il n'avait apparement pas remarqué sa présence, Shina s'installa sur un meuble et le regarda travailler un moment. Puis, elle vint lui serrer la taille et lui demander très gentiment de rentrer avec elle. Bien sûr, il se mit à rechigner mais Shina lui souffla à l'oreille plusieurs arguments qu'il ne pouvait contrer. Quelques minutes plus tard, ils se trouvèrent donc dehors et se dirigeait vers le repère la main dans celle de l'autre en racontant leur journée. Shina soupirait contre Aeon qui l'avait mise en colère. Elle dit une fois de plus à son compagnon qu'elle n'aimait pas les armes et que dégainer comme ils l'avaient fait ne voulait plus rien dire.
C'est alors qu'elle ressentit une douleur à la poitrine que Reiji ne manqua pas de remarquer.

Shina avait réussie à persuader son homme de rentrer à la maison. Il faut dire qu’elle pouvait être très convaincante…
Ils partirent donc du restaurant en saluant tout le monde, pour se diriger vers leur repère, main dans la main. Mais beaucoup plus loin, après avoir franchi les portes de la ville, Shina commençait à avoir une douleur au niveau de la poitrine. Reiji le remarqua aussitôt mais faisait comme si de rien, pour le moment. Il connaissait sa femme, il savait très bien qu’elle aurait préférée lui cacher ça pour ne pas l’inquiéter. Il attendit donc d’être rentré au repère pour vérifier l’état de son amoureuse.
Puis, une fois arrivé à la maison, Reiji ne lâcha pas la main de sa femme et l’entraîna directement à la salle de bain.

-Mais, pourquoi m’as-tu amenée ici ?
-Enlève ton haut Shina. Dit-il en fermant la porte.
-Non mais… Elle s’avança vers lui pour lui mettre une petite baffe. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça si précipitamment d’un coup ?
-Ce n’était pas la peine de me baffer… je n’ai aucune mauvaise intention, je sais que tu souffres au niveau de la poitrine, je l’ai remarqué sur le trajet.
-… !
-Bon alors, laisse moi t’examiner.
-D’accord…

Shina ôta son haut, et Reiji l’examina, sans profiter de la splendide poitrine de sa femme. Cette dernière avait un énorme bleu entre ses seins. Reiji passa une pommade par dessus, mais très légèrement, ne voulant pas trop appuyer sur sa peau, de peur de lui faire mal.

-Tu veux retourner à Ookami pour aller voir un médecin ?
-Non… je pense que ça ira, merci Rei-kun…
-Bon mais si demain tu as toujours aussi mal, tu y vas sans discuter.
-Oui, c’est promis.

Alors qu’elle se rhabilla, Reiji était parti dans la cuisine pour préparer un grand verre de jus d’orange pour sa femme. En arrivant, cette dernière fit un bisou sur la joue de son homme, et se mit aussitôt à savourer son jus préféré. Mais à ce moment là, Reiji posa enfin la question.

-Dit moi, comment as-tu pu te faire ça ? C’est vrai pourtant, tu n’as jamais eu de pareil bleu durant un entraînement. De plus, Ria m’en aurait touché un mot si l’entraînement avait été si redoutable.
-Euh…c’est que…
-Tu t’es entraînée à prendre des coups d’un bélier* ou quoi ?

Il y eut un blanc de plusieurs minutes. Shina hésitait à le dire à son homme, car elle savait comment il allait réagir. Ce dernier commença à préparer à manger en attendant. C'est alors que Shina ouvrit à nouveau la bouche.

-J'ai du me battre contre quelqu'un !
-Ah ? Reiji ne se retourna pas, et continua de faire la cuisine.
-Je sais que tu n'aimes pas ça, mais je suis assez grande pour me défendre, je...

Shina ne pu finir sa phrase que Reiji était devant elle, et se pencha légèrement pour embrasser son front.

-Vu notre situation actuelle, je n'ai plus vraiment mon mot à dire. D'ailleurs tu as toujours été plus forte que moi. Mais tu fais aussi partie du GEG. C'est ton devoir à présent. A ce compte là je pourrais m'inquiéter tous les jours, jusqu'à que je finisse par me pendre dans ma cuisine. Tant que tu fais attention, c'est tout ce qui m'importe.

Puis il s'éloigna, se dirigeant vers la salle de bain avant de s'arrêter. -Le repas est presque prêt, tu peux mettre la table ?

Dix minutes plus tard, le couple se mit à table, parlant de tout et de rien, Reiji ne pensait pas vraiment au combat de sa femme, mais sa blessure l'inquiétait quand même. Bon, elle lui avait promis d'aller voir un médecin si ça n'allait pas d'ici demain.
Peu après le repas, Reiji ne tarda pas à aller s'allonger, puisqu'il était exténué. Shina quand à elle, ne voulant pas déranger son homme, préféra rester au salon, à lire un livre, avant d'aller dormir.
Puis comme tous les matins, Shina se leva assez tôt, alors que Reiji faisait toujours un gros dodo. Elle s'habilla, prit son jus d'orange et sa tartine de miel, prête pour la journée. Elle déposa un bisou sur le front de amoureux, comme tous les jours avant de partir, et se rendit à Ookami.
Reiji se réveilla presque en fin de matinée, ayant bien récupéré pour l'occasion, il se fit un café, pensant à Shina, en espérant qu'elle aille mieux. Il se prépara à son tour pour aller à son restaurant. Avec un peu de chance, il pourrait rendre visite à sa femme ce midi.


Bélier* qui sert à défoncer les portes.

Shina avait craint la réaction de Reiji; elle n’avait pas oublié ce qu’il s’était passé la décennie dernière. Reiji, hypnotisé, avait menacée de l’enfermer afin qu’elle ne participe pas aux affrontements entre Zyphaloïdes et Setras. Mais à présent qu’il lui avait dit qu’il n’avait plus à s’inquiéter, elle se sentit bien plus légère et lui offrit un sourire démesuré. Selon elle, il lui faisait enfin confiance, il était temps. En même temps, elle avait compris ses craintes. Après tout, cela faisait plus de huit siècles qu'ils se battaient ensemble, Reiji l'avait sauvée de nombreuses fois d'une mort certaine...
Quelques minutes plus tard, ils se mirent à table. Les paupières de Reiji se fermaient déjà. Ceci avait légèrement déçu Shina, elle aurait voulu tenir les promesses soufflées à son homme pour le sortir de son restaurant. Reiji alla donc se coucher rapidement tandis que Shina relisait pour la énième fois les quelques pages que lui avait laissé son père. Puis, elle alla se doucher et rejoignit son mari qui dormait déjà comme un loir. La jeune femme se blottit contre lui et laissa le sommeil se propager dans tout son corps.
Le lendemain, Shina se leva très tôt. Elle voulait réviser ses plans et rendre visite à son commandant avant l'arrivée de ses soldats. Elle enfila donc rapidement son uniforme, rassembla quelques affaires et prit son petit déjeuner. Quand elle fut enfin prête, elle entra dans la chambre conjugale. Reiji dormait toujours, sa respiration profonde indiquait que son sommeil était encore lourd. Ces derniers jours avaient apparemment été éprouvants au Kayashi's Bar. Elle déposa un doux baiser sur son front de sorte de ne pas le gêner. Elle n'allait pas le réveiller, pas pour lui dire qu'il ne la verra pas ce midi et qu'elle espérait être de retour dans la nuit. Alors, la Setras le laissa se reposer et quitta le repère sans un bruit.

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